Hallux Rigidus
L’hallux rigidus est une arthrose de l’articulation métatarso-phalangienne de l’hallux (douleurs à la base du gros orteil). Cette dégradation arthrosique va entraîner des douleurs importantes à la marche associées à une raideur de cette articulation. On observe peu ou pas de déformation de l’axe de ce premier orteil lorsqu’il devient douloureux (contrairement à un hallux valgus). On peut observer de temps en temps une « bosse » sur le dessus de cette articulation. Il n’y a pas d’origine précise. Cette tuméfaction douloureuse est en fait un bec osseux lié à l’arthrose de l’articulation autrement appelée « dorsal bunion ».
Symptômes
Les patients sont gênés au début pour les activités intenses type course à pied ou pour le port de talons très hauts. En effet, le premier symptôme qui se développe sur l’articulation métatarso-phalangienne est la raideur. Petit à petit des douleurs s’installent, elles sont uniquement à l’effort. Rapidement, elles deviennent permanentes lors de la marche. Le « dorsal bunion » (bosse sur le dessus du gros orteil) apparaît à un stade relativement précoce de la pathologie. Classiquement, on décrit 4 stades dans ce type de pathologie, ces stades sont liés à la raideur de l’articulation.
Examens complémentaires
Un simple bilan radiologique des 2 pieds face et profil en charge est nécessaire. Aucun autre examen radiologique ne doit être engagé à priori.
Le bilan radiologique doit comporter des radiographies des deux pieds en charge de face et profil. Ce bilan pourra être réalisé directement au Centre Achille si vous le souhaitez, lors de votre première consultation. En effet, le centre est équipé d’un appareil de radiologie de dernière génération, le Curve Beam®.
Traitement médical
Le traitement médical est un traitement permettant la réduction des douleurs. Cependant le traitement médical ne guérit pas l’hallux rigidus et ne peut pas ralentir sa progression.
Un traitement antalgique sera proposé pour mieux supporter ces douleurs.
Une modification du chaussage sera proposée avec diminution des talons et port d’une semelle plus rigide de façon à éviter les contraintes sur l’avant-pied. Une perte de poids excessif sera toujours justifiée.
On peut réaliser des semelles orthopédiques avec une barre rigide sous l’articulation métatarso-phalangienne de façon à éviter trop de mobilité de cette articulation. En effet, si on réduit la mobilisation de cette articulation, le pas devient franchement moins douloureux. Malheureusement ce traitement médical n’a d’intérêt que temporairement et il est assez mal vécu par les patients car il ne permet pas une activité sportive libre ni un chaussage aisé.
Peut-on traiter chirurgicalement un hallux rigidus ?
Chaque stade de l’hallux rigidus peut justifier un traitement particulier. Le traitement de l’hallux rigidus va être à la carte en fonction des malformations et des dégradations observées. Ainsi on pourra réséquer la bosse sur le dessus du gros orteil ou réduire la longueur d’un métatarsien si celui-ci semble trop long.
CHEILECTOMIE :
La cheilectomie est la résection de la bosse sur le dessus du gros orteil (« dorsal bunion »). Cette cheilectomie permet de libérer l’articulation et de redonner de la mobilité. L’efficacité est temporaire mais permet souvent la reprise des activités sportives. L’intervention peut être réalisée en ambulatoire. Dans les suites de l’intervention, un chaussage standard est immédiatement repris. On réalise des séances de rééducation au niveau de l’articulation métatarso-phalangienne de façon à bien entretenir la mobilité. L’arrêt de travail est relativement court, 3 à 4 semaines, et la reprise de la conduite automobile peut être réalisée dans le même délai.
OSTÉOTOMIE MÉTATARSIENNE :
Cette intervention va consister à corriger un désordre anatomique au niveau de l’avant-pied. En effet, dans certains cas, il existe un gros orteil plus long que les orteils latéraux. Cet excès de longueur sur la première colonne explique la compression de l’articulation et l’arthrose rapide. Cette intervention sera décidée en fonction du bilan radiographique réalisé et de l’anatomie du pied. La chirurgie et les suites sont les mêmes que celles d’un hallux valgus.
ARTHRODÈSE MÉTATARSO-PHALANGIENNE :
Il s’agit d’une intervention qui consiste à bloquer l’articulation métatarso-phalangienne. Au décours de cette intervention, on retire le cartilage de l’articulation et on réalise la fusion du premier métatarsien avec la première phalange, à l’aide d’une plaque et de vis. Cette intervention bloque tous les mouvements à la racine du gros orteil. Quelques mois après l’intervention, la marche pourra être reprise sans difficulté. En effet, il n’y a pas de boiterie après ce type d’intervention. A noter tout de même que la hauteur des talons devra être standardisée. En effet, la mise sur la pointe des pieds n’est plus possible et il faut donc éviter de passer d’une chaussure plate à une chaussure à hauts talons. Cette intervention permet une disparition totale de la douleur. Elle est donc à envisager dans les stades évolués (stade 3-4) d’hallux rigidus.
Combien de temps reste-t-on à la clinique ?
La chirurgie de l’hallux rigidus par arthrodèse métatarso-phalangienne peut être envisagée en chirurgie ambulatoire. Cela permet d’éviter de passer la nuit à la clinique. L’arrivée se fait à partir de 7 heures du matin et la sortie à lieu avant 18 heures.
Pour être éligible à la chirurgie ambulatoire, il vous faudra être en compagnie d’une personne à votre domicile le soir de l’intervention. Bien évidemment, l’hospitalisation en ambulatoire n’est pas obligatoire et sera discutée avec votre chirurgien.
Du matériel chirurgical est-il mis en place ?
Lors de l’arthrodèse métatarso-phalangienne, il est mise en place une plaque et/ou des vis qui ne seront pas retirées à priori. En effet, ces plaques et vis sont destinées à rester dans le corps humain à vie. Cependant si la plaque venait à gêner au chaussage (dans les pieds très minces), elle pourra être retirée 8 à 12 mois après l’intervention. Lorsque le retrait de cette plaque est nécessaire, l’intervention est réalisée en ambulatoire et dans les suites un chaussage standard peut être repris immédiatement ainsi que la marche et la conduite automobile.
Que dois-je faire (ou pas) après l’intervention ?
Vous reposer !!
Aurai-je un pansement ?
- Votre premier pansement sera réalisé au bloc opératoire en fin d’intervention. Il s’agit d’un pansement à ne pas ouvrir jusqu’à la première consultation. Il ne doit pas être refait à domicile.
- Le pansement de la plaie opératoire sera refait lors de votre première consultation, 6 à 15 jours après l’intervention.
- Le pansement opératoire doit rester sec et propre. Ainsi il vous est conseillé soit des bains (avec le pied en dehors de la baignoire) soit des douches avec deux tabourets, l’un dans la douche pour s’asseoir et l’autre à l’extérieur de la douche pour reposer le pied. La chaussure orthopédique doit être conservée même dans la salle de bain et lors de la toilette pour éviter tout risque de chute qui pourrait abîmer la chirurgie.
- Ce pansement a pour effet de maintenir la correction effectuée chirurgicalement ; il a un effet de « plâtre », le temps que l’os commence à consolider. Il a également un effet anti-œdémateux. Le pansement est donc volontairement serré.
- Ce pansement se compose de compresses (séparant les orteils) et d’élastomull (bandes auto-ahésives). Il est parfois renforcé par des « bandelettes de rappel » en élastomull « cravatant » les orteils.
Puis-je marcher et avec quoi ?
Il vous sera prescrit lors de votre consultation pré-opératoire, une paire de chaussures orthopédiques type « baskets » qui permettra une reprise d’appui du pied précoce en post-opératoire. Cette chaussure devra être portée dès le lendemain de l’intervention et jusqu’à environ 1 mois post-opératoire. Pendant toute cette période, il est formellement contre-indiqué d’utiliser un autre chaussage ou de mettre le pied nu au sol.
Les 24 premières heures après l’intervention, votre pied sera endormi et vous ne pourrez pas le poser au sol. Dès le lendemain de l’intervention et le réveil du pied, l’appui sera autorisé, mais toujours avec la chaussure orthopédique. Vous pourrez conserver une canne pendant quelques jours le temps de trouver votre équilibre.
L’appui du pied au sol est indispensable, et la marche doit être la plus naturelle possible. Il est contre-indiqué de s’appuyer uniquement sur la pointe du pied et il faut éviter de marcher sur le bord externe du pied ou sur le talon au risque de prendre de mauvaises habitudes que vous aurez du mal à quitter.
Il faut marcher peu mais régulièrement, 5 à 10 minutes par heure maximum. La chaussure peut être retirée au repos. Si vous êtes amené à vous lever la nuit, il faudra remettre la chaussure orthopédique.
Les chaussures sont orthopédiques mais elles se fondent tout de même relativement bien dans votre quotidien. Cela permettra de les porter pendant quelques semaines le temps que l’œdème au niveau de l’avant-pied diminue et que vous puissiez reprendre un chaussage standard.
Est-ce que ça fait mal ?
Pendant très longtemps la chirurgie du pied a eu mauvaise réputation du fait du caractère particulièrement douloureux de ce type de chirurgie en post-opératoire. La douleur est aujourd’hui beaucoup mieux contrôlée grâce à l’anesthésie locorégionale.
En effet le pied est endormi avant même l’intervention et pendant plusieurs heures après. Le cerveau « ne sait donc pas que le pied a été opéré ». Ce procédé rend cette chirurgie beaucoup plus acceptable.
- Un traitement antalgique vous est prescrit pour les douleurs post-opératoires. Celui-ci est généralement équivalent (voire supérieur) à ce que vous aviez en sortant du service. Le traitement antalgique doit être pris de manière systématique et régulière dès votre retour à domicile.
- A ce traitement antalgique, s’ajoute :
- des injections d’anticoagulant pour éviter les phlébites pendant 8 jours,
- de la vitamine C, en prévention des douleurs chroniques,
- de la vitamine D, pour favoriser la consolidation osseuse,
- des anti-inflammatoires pouvant être prescrits en l’absence de contre-indication.
- La surélévation du pied est essentielle pour diminuer l’œdème et donc la douleur. Le pied est surélevé ou mis à l’horizontale sur une chaise. Il faut limiter au maximum la position jambe pendante.
- Le glaçage est un point essentiel. Il peut être réalisé de manière régulière, il agit sur la douleur et sur l’œdème. Ce glaçage doit être débuté à partir du moment où le pied est réveillé. Attention, il est formellement contre-indiqué de poser de la glace sur un pied endormi au risque de brûler la peau. Celui-ci peut se faire par l’intermédiaire de « packs spéciaux » achetés en pharmacie, ou d’objet du quotidien : un sac de petits pois surgelés (préférentiellement car de petite taille : ils se moulent aux reliefs du pied ; ne pas les consommer ensuite)
Y a-t-il des consultations après la chirurgie ?
Oui
- La première consultation post-opératoire a lieu 7 à 15 jours après la chirurgie pour refaire le pansement et vérifier le bon appui du pied au sol avec la chaussure orthopédique.
- 1 semaine après cette première consultation post-opératoire, tous les pansements seront retirés. Votre pied pourra alors être lavé (eau + savon doux) mais devra être bien séché. Interdiction de baignades prolongées qui font macérer les cicatrices pendant encore une semaine. Vous devrez également hydrater et masser votre pied et les différents cicatrices avec d’une crème hydratante, afin de faciliter la cicatrisation et éviter l’apparition d’adhérences pouvant être douloureuses.
Vous pourrez mettre une simple chaussette ou la socquette de contention (Sonov®) si elle vous est prescrite. Une attelle de maintien de l’hallux pourra être mise en place le premier mois (la nuit uniquement) afin de permettre un meilleur maintien de la correction chirurgicale jusqu’à la consolidation.
Les fils de suture sont généralement résorbables, il tomberont tous seuls environ 3 semaines après l’intervention, lors de la toilette ou du passage de la crème hydratante. - La deuxième consultation post-opératoire a lieu du 21 à 45 jours après la chirurgie. Lors de cette consultation, une radiographie en charge du pied opéré sera réalisée au Centre Achille pour s’assurer de la bonne consolidation et de la position du matériel chirurgical. Vous pourrez alors retrouver progressivement un chaussage classique du commerce (chaussures sans talon et larges les premiers temps), et débuter la rééducation avec votre kinésithérapeute.
Quand puis-je reprendre la conduite, le sport et retourner au travail ?
Et les talons ?
- La reprise de l’activité professionnelle dépend de votre profession.
- En cas de métier sédentaire avec de longues stations assises et sans nécessité de conduire, la reprise peut être envisagée quatre semaines après l’intervention.
- En cas de métier manuel nécessitant une station debout prolongée, de grandes distances de marche ou de conduite, il faudra compter jusqu’à 12 semaines d’arrêt de travail.
- La conduite automobile peut être reprise entre 4 et 6 semaines après l’intervention en fonction de la sévérité de votre intervention.
- Les activités sportives doivent être reprises progressivement. A 6 semaines post-opératoires la natation, le vélo et le sport en salle sans pointe de pied peuvent être débutés. Il faudra attendre 3 mois post-opératoires pour la course à pied et les sports sur la pointe des pieds (escalade, danse). Toute activité sportive doit être reprise progressivement, et en cas de douleur, il faut savoir retarder la reprise sportive de quelques semaines.
- Les talons hauts, c’est à dire supérieurs à 4 centimètres sont contre-indiqués pendant 3 mois. Là encore la reprise doit être progressive et différée en cas de douleurs.